En moins de deux mois, porté par son ambiance chaleureuse et son authenticité, l’établissement a déjà conquis le cœur de nombreux clients.
Situé dans la rue animée du 14 juillet, le restaurant se distingue par son atmosphère conviviale et sa décoration ouïghour. Dès que l’on passe la porte, notre regard est attiré par la cuisine ouverte où le chef prépare des nouilles maison. On peut également apercevoir la cuisine du fond d’où émanent de délicieuses odeurs de bœuf et de légumes sautés au wok. Sans oublier la salle habillée de teintes roses et beiges évoquant la couleur de la grenade, fruit emblématique du peuple ouïghour, qui donne son nom à l’enseigne. Gulzibir, la patronne, accueille ses clients avec un grand sourire et les guide vers les nombreuses tables en bois éclairées par des lumières tamisées. Une fois installés, les clients découvrent la décoration murale, de nombreuses toiles tissées à la main dans la tradition ouïghoure.
Partager la culture ouïghoure
Les propriétaires, un couple marié, partagent une histoire touchante. Rencontrés lors de cours de français dans leur région natale, ils passent une qualification pour venir en France, où ils s’installent en 2010. Là, portés par l’envie commune d’ouvrir un restaurant, les amoureux entreprennent ensemble des études d’hôtellerie dans la région parisienne. Trois ans, un mariage et deux enfants plus tard, alors que Gulzibir a dû jongler avec l’éducation de ses enfants et les études d’hôtellerie, ils ouvrent enfin leur premier établissement de Poke Bowl dans le 12èmearrondissement de la capitale. Mais cette enseigne ne les satisfait qu’imparfaitement. Ils songent déjà à se lancer dans la cuisine de leur pays d’origine, afin de faire connaitre leur culture culinaire à leur pays d’accueil.
Après bien des difficultés pour trouver un local à Paris, le couple découvre l’emplacement idéal au Kremlin-Bicêtre, dans un lieu chargé d’histoire. Cinq mois de travaux sont nécessaires avant que le restaurant n’ouvre ses portes sans publicité préalable. D’emblée, l’établissement fait parler et reçoit de nombreux compliments : « Dans la ville, les nouvelles vont vite !, explique un client. Comme il a déjà bonne réputation, j’ai décidé de voir quelle saveur pouvait avoir la cuisine des ouïghours ».
Voyage en Asie centrale
Au menu, de nombreux plats traditionnels tels que le Katta Leghman, un bœuf mariné dans une sauce traditionnelle accompagné de légumes de saison ; le Uzup chup Qorimisi, des nouilles carrées sautées au bœuf, assorties de légumes parfumés ; le Anar Tohu Qordak, du poulet braisé aux pommes de terre épicées ; le Chuchur, une soupe de raviolis au bœuf ; sans oublier le fameux gâteau au miel dont les enfants de Gulzibir raffolent. Autant de spécialités savoureuses qui, le temps d’un repas, propulsent la clientèle au cœur de l’Asie centrale.
Mais à la base des recettes de la maison, on trouve les Leghmen, des nouilles façonnées à la main, tradition la plus répandue de la culture ouïghoure. « C’est l’un des rares plats de rue halal pour les musulmans en Asie centrale, explique la patronne. Tous les Ouïghours ont vu et appris de leur famille, dès leur enfance, comment fabriquer les nouilles à la main et comment les faire danser pour qu’elles prennent leur forme avant la cuisson ».
Pour ces plats entièrement confectionnés dans les cuisines du restaurant, l’Anar affiche une fourchette de prix allant de 9,99€ pour une spécialité végétarienne, à 20€ pour un menu avec plat et dessert. Autant dire une expérience culinaire authentique à des tarifs abordables.
Nostalgie gustative
Les clients, conquis par la qualité des assiettes, affluent déjà pour déguster la cuisine ouïghoure. Une tendance qui ravit la gérante ainsi que la serveuse, Zulhumar, toutes deux désireuse de préserver la culture de leur pays d’origine. « Ce restaurant nous permet de montrer qui est notre peuple, qui nous sommes, soutient Gulzibir. Nous cherchons à préserver notre culture qui disparaît dans d’autres pays. Ici, on peut en parler librement et faire partager les plats qui ont bercé notre enfance », poursuit-elle, la voix remplie d’émotion.
Ayant déjà attiré nombre de Ouïghours nostalgiques des goûts de leur jeunesse, cet établissement est bien plus qu’un simple restaurant, c’est un lieu de préservation et de partage d’une culture riche et précieuse.